Au creux d’un vert vallon, au pied du Canigou, montagne sacrée pour tout un peuple, coule ma source, protégée par la frondaison d’arbres séculaires, près de l’abbaye de Saint-Michel de Cuxà.
Les gens du pays, de longue date, lui ont donné un nom : « Cœur de Marie ».
Il me plaît de confectionner des élixirs avec cette eau qui, après avoir circulé au travers d’une montagne de fer, jaillit au grand jour imprégnée de la douce présence de Marie. Dans une région où le culte marial est encore vivace, cet endroit, de toute évidence, est resté lié à une survivance d’anciens cultes aux déesses-mères et autres divinités de la nature. En témoigne, dans la crypte de l’abbaye toute proche, l’existence d’une Vierge Noire, Nostra-Senyora del Pessebre, Notre-Dame de la Crèche, qui célèbre donc la Nativité, la naissance de l’Enfant divin.
Là, un Cosmos s’incarne.
Passant sous la crypte3, l’eau se libère de sa gangue minérale pour sortir quelques mètres plus loin à l’air libre, véhiculant des forces de naissance, d’incarnation : les forces du Fils.
Ce lieu fut rapidement consacré également à Saint-Michel, l’Archange Michaël : « Où Marie manifeste sa présence, Saint-Michel n’est jamais loin ».
Saint-Michel est le porteur du fer, ici, celui du Canigou4. Le fer sert à confectionner l’épée qui terrassera le Dragon, mais est aussi un métal aux hautes vertus thérapeutiques, de par ses qualités « mercurielles». Aux temps de la christianisation de nos régions, Saint-Michel est venu remplacer, recueillant leurs attributs, d’anciens dieux des panthéons païens connus sous les noms de : Thot en Egypte, Hermès en Grèce, Mercure à Rome, Thor dans le monde germanique… Tous sont des dieux guérisseurs, porteurs de forces thérapeutiques. Ce sont des dieux médiateurs, intercesseurs auprès des divinités plus hautes.
A l’époque de l’édification de l’abbaye, peu avant l’an mil, Marie commençait, elle aussi, à remplir cette fonction médiatrice : les gens du peuple s’adressaient préférentiellement à elle dans leurs requêtes auprès du Très-Haut. C’est à Elle que les malades, les blessés, les indigents demandaient d’intervenir pour recouvrer santé et vitalité. Elle a ainsi acquis une dimension « mercurielle ». Son culte est venu se substituer à celui, plus ancien, des divinités chthoniennes, des déesses-mères liées aux forces de la Terre et aux eaux de Sous-la-Terre. Comme elles, Marie se manifeste à travers les forces de la nature (qui sont des forces thérapeutiques), mais c’est surtout par le cœur que Marie agit.
L’eau de la source « Cœur de Marie » est, comme celles dont le Dr Bach s’est servi pour ses élixirs, en lien avec les traditions païennes des lieux sacrés, qui se sont poursuivies par la suite sous le couvert bienveillant d’une Eglise romaine infiltrée par le Celtisme. Ce lieu eut un rayonnement important au Moyen-Âge et l’abbaye de Saint-Michel de Cuxà abrita des personnages illustres, tous hommes très saints et très savants, mais tous, hommes de cœur vivant en communion étroite avec les forces et les êtres de la nature.
Vinrent s’abreuver là, se rafraîchir à cette source : l’abbé Garin, bien oublié aujourd’hui, voyageur infatigable qui parcourut plusieurs fois l’Europe jusqu’en Terre Sainte pour apporter une parole d’amour ; le jeune moine Gerbert, venu d’Aurillac, qui deviendra le pape de l’an mil sous le nom de Sylvestre II, et dont l’Eglise voudra oublier l’existence, pour avoir pratiqué l’Art alchimique et voulu percer les secrets de la nature ; le Bienheureux Pierre Orséolo, doge de Venise, l’homme le plus puissant de son temps qui, touché par la grâce, vint se retirer à Cuxà pour vivre en ermite, dispensant des soins aux plus pauvres grâce aux pouvoirs de l’eau du « Cœur de Marie » ; ou encore, l’enfant du pays, le plus cher en mon cœur et le plus lumineux, le grand Oliba, abbé de Saint-Michel et comte-évêque de Vic, qui, par sa science des forces cosmiques et telluriques, sut édifier de nombreuses églises, aujourd’hui reconnues comme chefs d’œuvre de l’art roman ; il impulsa un renouveau de paix dans une Europe livrée aux violences féodales. Jamais le dogmatisme, l’intellectualisme, la rigidité ou l’étroitesse d’esprit ne se manifestèrent ici. Et l’abbaye, malgré son renom, garda une architecture modeste, à dimension humaine, parfaitement intégrée dans son cadre de verdure. Jamais la source ne fut enclose, les moines vivant, pour quelques-uns dans le monastère, pour la plupart dans de petites cabanes disséminées dans la montagne.
Au XXe siècle, le grand violoncelliste Pau Casals, fuyant la dictature espagnole, vint s’installer en ce lieu qui devait devenir, durant quarante ans, son point d’attache dans ses voyages à travers le monde. Ici, il créa son oratorio : el Pessebre (la Crèche), œuvre humaniste dédiée à la paix entre les hommes.
La source « Cœur de Marie » est restée une eau libre et disponible pour tous; elle irradie, encore de nos jours, en douceur, les forces soignantes du cœur5. Les habitants de la vallée viennent toujours recueillir les vertus de son eau bienfaisante, perpétuant ainsi la longue tradition. C’est ainsi qu’empli d’un sentiment d’allégresse et de gratitude, je viens régulièrement, comme en pèlerinage, m’approvisionner en cette eau désormais si précieuse…
Et, par-delà les hauteurs du Canigou, depuis les nuées célestes, parvient le chœur des anges : « Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté ».
1- Julian Barnard : Producteur d’élixirs, il prit ses distances avec le Centre Bach, en Angleterre, pour se retirer aux confins du Pays de Galles et créer sa propre gamme de Fleurs de Bach, commercialisées sous la marque « Healing Herbs ». Il est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant des élixirs floraux, en particulier « Sur les traces du Dr Bach », traduit en français aux éditions Ulmus Ltd, 2002.
2- Les expérimentations du Dr Masaru Emoto, au Japon, sur la cristallisation de l’eau sous l’influence de divers facteurs, tant matériels que subtils, comme des injonctions ou des pensées, sont célèbres. Elles montrent l’extrême « sensibilité » de ce liquide et sa capacité à capter et à véhiculer toutes les influences.
3- Il est possible de consulter les tracés des phénomènes géobiologiques, nombreux et importants en ce lieu, et des courants souterrains sur le site Nature et Géobiologie de Yann Lipnick
4- J’avais une inquiétude au moment du choix de cette source : je savais qu’une des qualités importantes d’une eau destinée à élaborer des élixirs était sa faible teneur en sels minéraux. En effet, la structure moléculaire de l’eau lui permet de se lier facilement aux ions en suspension dans le liquide. Plus elle sera riche en minéraux, plus les couches superficielles de la molécule seront saturées, ne lui permettant plus de capter d’autres éléments plus subtils, ou même immatériels comme l’information. L’eau de la source « Cœur de Marie », quotidiennement consommée par les moines de l’abbaye, est régulièrement analysée. J’eus la surprise d’apprendre que cette eau était étonnement pauvre en sels minéraux, malgré son parcours à travers le minerai, bien au-dessous de 18 mg / litre, qui est un seuil à ne pas dépasser. Cela vint confirmer la validité de mon choix.
5- D’après les travaux du géobiologue Yann Lipnick, l’eau de cette source vibre à un taux comparable à celui de l’eau de la grotte de Lourdes.